La fierté, un frein au co-developpement ?
L’autre jour, je parlais d’une nouvelle idée de concept de team building avec mon équipe. Au cœur de ce team building : les notions de co-développement, d’échange et de partage d’idées.
Dans cette activité : des équipes mènent simultanément des projets différents et minutés. Le déroulement du team building est fait de telle sorte que les équipes puissent, à différents moments, recevoir de la part des autres, des idées/avis/conseils/ constructifs sur leurs propres projets et d’en donner en retour.
Autre point très important : les projets sont tous totalement nouveaux pour les équipes et ne nécessitent aucune compétence technique particulière.
Très vite une question se posait : Dans notre environnement très compétitif et plutôt individualiste, les équipes iraient-elles spontanément demander de l’aide / des conseils / des idées à d’autres équipes ?
« Les équipes auront trop de fierté pour se tourner vers d’autres, pas plus expertes qu’elles-mêmes sur le sujet. » Ça nous avait tous traversé l’esprit ; la fierté apparaissait là comme un frein au (co-) développement…
La fierté. Cette fierté qui habite pourtant les vestiaires de sport et galvanise la motivation. Parlait-on de la même fierté ? J’ai donc voulu comprendre en quoi un sentiment de fierté pouvait empêcher une équipe de simplement demander conseil à une autre.
Qu’entend-on par fierté ?
Je creusais donc la signification de la fierté : il s’agit d’un sentiment d’estime de soi, du respect de sa propre personne, qui apparaît particulièrement lors d’une prise de conscience du rôle qu’on a joué avec plus ou moins d’effort dans la réussite d’une action, d’un projet.
En d’autres termes : « Ah ! Je suis contente de moi, voilà un projet qui se termine bien et pour lequel je me suis beaucoup investie. Quel plaisir de voir le résultat ! ». A priori, c’est plutôt sain comme sentiment.
Seulement, voilà. On en arrive logiquement à la conclusion que : plus le challenge est de taille, plus l’effort est difficile, plus l’investissement est important, plus le sentiment de fierté augmente, et le plaisir avec…
plus l’investissement est important, plus le sentiment de fierté augmente
Et là, une question se pose : serait-ce dans le but d’accroître ce sentiment de fierté qu’une équipe se priverait de conseils et d’échanges potentiellement constructifs ?
La petite voix : « Bien sûr, l’effort est d’autant plus fort qu’il se fait sans aide extérieure et par conséquent une fierté accrue découle de la réussite. »
On serait donc prêt à rendre notre propre tâche plus difficile pour en tirer plus de fierté ? Mais on se rapproche de l’idée du masochisme là, non ? Je ne peux pas le croire. On voudrait aussi être le seul à faire des efforts pour s’approprier toute la fierté disponible ?
La petite voix : « Bien oui, plus le challenge est partagé entre plusieurs équipes, plus le succès, et la fierté qui va avec, est dilué. »
On accepterait donc de partager, à la rigueur, sa fierté avec 3-4-5 coéquipiers, mais tout de même pas avec d’autres équipes.
La petite voix : « C’est que les coéquipiers fournissent un effort similaire au notre et de fait méritent autant que nous le succès (oui, enfin, peut-être pas tous mais bon…). »
« Alors qu’une autre équipe, qui viendrait là comme un cheveu sur la soupe donner des soi-disant conseils ou avis, qu’apporterait-elle de plus que nous ne saurions nous-même déjà ? »
Ohlala, on se dirige tout droit vers le péché d’orgueil !
La petite voix : « Si encore cette équipe possédait une expertise supplémentaire reconnue, là ce serait justifié ! »
STOP ! Pourquoi considérer, de fait, qu’une autre équipe n’apporterait rien d’intéressant ? Sans forcément être mieux (puisque je le rappelle elle n’aurait pas plus d’expertise), elle pourrait tout aussi bien proposer des idées différentes et pertinentes à étudier. Non ?…
De la fierté à l’humilité
Il semblerait que ce soit bien d’un défaut d’humilité dont nous parlons plutôt.
Arrêtons-nous un instant sur les mots : l’humilité est une vertu qui nous fait considérer nos faiblesses et nous ramène à notre condition d’être humain au milieu d’autres êtres humains, c’est-à-dire, ni mieux que les autres (orgueil), et qui n’apporte pas non plus une contribution inférieure aux autres (modestie). L’humilité, c’est se voir à sa juste place. Juste à sa place.
Définir sa place, c’est se positionner par rapport à l’espace, par rapport aux autres. Ça implique donc de se connaître soi et de regarder ce qui se passe autour. Des œillères conduisent inévitablement à des positionnements erronés, qu’ils soient orgueilleux ou modestes. L’ouverture aux autres permet en revanche, de mieux appréhender sa place dans la réalité de l’équipe. C’est un défi de taille que de trouver le juste équilibre entre l’orgueil et la modestie. D’autant plus dans une équipe avec un facteur humain tellement complexe.
Alors, que faisons-nous avec notre projet de team building ?
Les équipes en général et les coéquipiers en particulier seront-ils prêts à laisser de côté leur orgueil, leur tendance masochiste, le repli sur soi et le plaisir d’une fierté à tout prix ?
Seront-ils prêts à expérimenter l’humilité, l’ouverture sur les autres, le partage, pour le plaisir d’une fierté bien placée ?
expérimenter l’humilité
Et vous, comment pensez-vous que votre équipe appréhenderait un tel challenge ?
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Les auteurs
Priscilla Leherle
Avec une expérience du team building franco-britannique, Priscilla partage le fruit de ses réflexions sur la performance en équipe et les relations humaines..
Emeline Hick
Dernière arrivée chez One to Team, Emeline apporte un œil neuf et une expérience de l’animation qui vient tout droit du Canada.
Alexandre Eber
En « pro » de l’impro, Alexandre sait mettre son dynamisme et son sens de l’organisation au service des activités team building et des participants.
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